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Success stories

Le projet DOLRE 1.0 n’est qu’un début ! Témoignage de la société DESAMI

Depuis sa création en 2012, la sprl DESAMI occupe une place incontournable sur le marché belge dans le secteur des infrastructures routières. 

Elle s’est spécialisée dans l’installation des glissières de sécurité et dans l’équipement routier. Son offre commerciale consiste en des dispositifs performants alliant rigidité et ductilité.  Elle offre également des solutions techniquement compatibles avec les ouvrages d’art grâce à une maîtrise des modes de ruine calculés à l’ELU.

DESAMI est une PME faisant partie d’un groupe de partenaires internationaux. Depuis plusieurs années, cette société fait partie des leaders de son marché. 
Elle s’occupe aussi de l’aspect engineering, dimensionnement et calcul des ouvrages d’art (en interaction avec les dispositifs de retenue)

Avec ses partenaires, elle réalise également des chantiers à l’étranger.

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Comment votre société DESAMI a vu le jour ? Et de là, le projet DOLRE ?

David de Saedeleer :

Je suis sorti de l’école en 2004, avec un TFE qui traitait du sujet des « glissières de sécurité sur les routes », TFE réalisé au centre de recherche Arcelor à Liège.

J’ai continué à travailler au centre de recherche Arcelor (depuis repris par le CRM) sur le sujet des glissières de sécurité métallique. L’objectif à l’époque était de répondre à la nouvelle norme européenne, de réaliser des crashs tests avec les produits pour atteindre des nouvelles performances. Cette norme était « révolutionnaire », la géométrie des barrières n’était plus imposée, avant, toutes les barrières étaient les mêmes, on avait dessiné la barrière une fois pour toutes et pour tout le monde et le gagnant était celui qui arrivait à produire à moindre coût.

Aujourd’hui il y a toujours cette notion de moindre coût mais l’important est de créer un produit le plus léger possible pour atteindre une performance donnée au niveau du crash test, ce qui laisse beaucoup plus de place à l’engineering ! Le travail de l’ingénieur a une forte valeur ajoutée car on peut vraiment essayer d’aller chercher des performances très spécifiques, ce qui n’était pas possible avant, quand la géométrie de la barrière était imposée.

Ayant donc toujours travaillé dans le secteur j’ai finalement démarré l’activité de DESAMI en 2012. D’abord de manière modérée puisque de 2012 à 2014 nous faisions uniquement de la location de machines pour installer les glissières de sécurité.

En 2014 nous avons lancé l’activité à temps plein entre le matériel de chantier, la commercialisation des produits et depuis on s’est spécialisé dans tout ce qui est ouvrage d’art (les ponts routiers, auto routiers).

A force de travailler dans le secteur des ouvrages d’art on a fini par comprendre quels étaient les cas de figure qu’on retrouvait le plus souvent ; les ouvrages d’art sont relativement vieux et n’ont pas étaient dimensionnés par rapport aux nouveaux dispositifs et exigences en matières de sécurité. On va, par exemple, demander de retenir un camion, ce qui n’était pas le cas avant, retenir un camion c’est transmettre des forces importantes au niveau des ouvrages d’art et c’est du coup renforcer l’ouvrage.

De là est arrivé le projet DOLRE en 2016, le business model du projet c’est de dire on va développer un produit qui va couter plus cher qu’un produit traditionnel mais qui permettra de s’affranchir du renforcement, sachant que le renforcement coute nettement plus cher que la glissière proprement dite. Donc aujourd’hui les premiers DOLRE (on a 3 DOLRE qui ont réussi les crashs tests), ce sont des produits qui transmettent 4t de force, quand le produit moyen du marché transmet 20t de force, donc on peut dire qu’aujourd’hui on est 5x plus bas en terme d’effort transmis à la structure des ponts. Ca a déjà fait l’objet d’un dépôt de brevet et nous a permis d’avoir des premières commandes :  une première commande sur un critère purement esthétique puisque le DOLRE a la spécificité d’être un produit qu’on va qualifier de design au niveau des ouvrages d’art et deux autres sur le critère des efforts transmis.

En septembre 2017, les 2 premières géométries de DOLRE réussissent avec succès les crashs tests grandeur réelle, donc nous avons 2 produits qui sortent avec 3 crashs tests (1 test avec une petite Peugeot 106, un test avec une BMW série 5 et crash test avec un autocar). Le crash test c’est le juge , on ne maitrise pas tout au crash test il y a une série d’aléas, le taux moyen de réussite au crash test c’est de 2 sur 3, et là on a fait 3 sur 3 pour la première campagne, après il y aura d’autres campagnes, je ne m’attends pas à faire 100% de réussite partout, on a prévu de rater des crashs test, l’erreur fait partie de l’avancement mais 100% de réussite à la première campagne, cela nous a fait très plaisir.

Nous avons réussi un 3ème produit en juin 2018 qui a la spécificité de se poser sur un trottoir non ancré à l’ouvrage. Cela réduit encore les efforts transmis et offre encore plus de possibilité d’installation sur ouvrages existants.

Pour le moment l’activité commerciale de Desami, c’est une activité de représentant d’une gamme de produits qui est fabriquée à l’étranger. Donc aujourd’hui on travaille beaucoup sur les autoroutes dans la région : le viaduc de Beez, la rénovation des 2 bretelles de l’échangeur de Daussoulx. On va démarrer un très gros chantier cette année qui est la rénovation de la E411 entre le viaduc de Beez et l’échangeur de Daussoulx. Nous venons de terminer un très beau chantier : la rénovation du ring de Charleroi, là c’était les prémices de DOLRE (2014-2018), un travail important, l’initiation du projet DOLRE en interne.

En termes d’effectifs, nous avons engagé un 1er ingénieur pour faire du développement du projet DOLRE, et on vient d’engager un 2e ingénieur pour mettre en place tout le côté industriel, donc aujourd’hui on peut dire qu’on a engagé 2 ingénieurs spécifiquement pour le projet. On souhaite en 2018 engager un technico-commercial car nous sommes en train de mettre en place tout le business plan industriel, donc il faudra aller chercher des commandes en suffisance pour investir dans l’outil industriel afin de pouvoir engager à ce moment-là le personnel nécessaire à la production. Mais ça sera dans un 2e temps, sachant que dans un 1er temps on va sous-traiter aux entreprises locales et ces sous-traitances vont également générer de l’emploi.

En quoi le Pôle MecaTech vous a aidé ?

L’aide principale, et non négligeable c’est la préparation des dossiers. Le suivi a été important surtout pour une petite société, le montage de dossier n’est pas facile, cela prend du temps, c’est pas évident humainement aussi… tout ce qui est jugé imparfait pas le jury est recalé et il faut s’accrocher, comme quand on défend son TFE. C’est une charge de travail conséquente et le fait d’avoir pu être régulièrement coaché, d’avoir un regard extérieur par des gens qui savent comment ça peut aboutir nous a énormément aidé, on ne serait peut-être pas arrivé à monter le dossier sans le coaching du Pôle.

Le Pôle MecaTech nous a également soutenus lorsque nous avions voulu modifier l’organisation avec les partenaires afin de l’améliorer. Le fait de faire appel à une partie extérieur qui connait le projet, nous a permis de nous reposer sur quelqu’un et d’avoir des conseils intéressants.

Quels sont les marchés sur lesquels vous êtes actifs ? A l’international ?

Aujourd’hui 2 marchés sont prioritaires : France et Belgique. La France a une part importante dans la stratégie de DOLRE, la Wallonie reste un petit marché. Pour exploiter tout le potentiel de DOLRE on doit chercher des opportunités à l’international.

Et les développements futurs ?

Dans le projet il y avait 3 campagnes de crash tests qui étaient prévues, on en a fait 2, où on a sorti 3 produits, et on travaille sur une 3e campagne pour la fin de l’année où nous aimerions sortir encore 1 ou 2 produits. L’homologation des produits va nous prendre beaucoup de temps car nous devons réaliser des crashs tests virtuels par ordinateur ; tous les cas particuliers doivent être testés virtuellement.

DOLRE 1.0 doit être une pompe qu’on a amorcée et l’objectif c’est de ne pas s’arrêter en 2019 mais de continuer en fonction des résultats commerciaux, et là j’espère aller chercher un DOLRE 2.0. Les combinaisons sur ouvrage d’art sont si nombreuses, le besoin est très large on n’aura pas assez avec les 3 ans du projet pour couvrir tout cela donc le DOLRE 1.0 n’est qu’un début !