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ULTRA CB ou quand la persévérance donne vie à l’innovation

Le projet de recherche industrielle ULTRA-CB porte sur des chaudières en fonte. Ce système de chauffage aurait dû être condamné par les directives européennes ERP ecodesign plus exigeantes en terme de rendement, mais un entrepreneur y a vu autre chose : l’opportunité d’un nouveau marché. Il a ainsi relevé le challenge de développer de nouveaux modèles pour remettre à ces chaudières en fonte de revenir parmi les systèmes les plus performants du marché.

Rencontre avec cette personnalité obstinée et surtout passionnée, Luciano Dapra, porteur du projet ULTRA CB et aujourd’hui directeur commercial de la fonderie italienne CFD.

 

 

Comment le projet ULTRA CB est-il né ?

L.D: La gestation du projet remonte déjà à 2005. Les directives ERP ecodesign étaient en passe de mettre de côté les chaudières en fonte dont le rendement était alors jugé insuffisant. C’est ainsi qu’a germé l’envie de proposer un produit pour reprendre cette place qui allait se libérer.
L’idée était de créer des nanorevêtements capables d’assurer une protection anticorrosion. De cette façon, il devenait possible de positionner la condensation des fumées de combustion à l’intérieur du corps même de la chaudière en fonte, lui permettant d’atteindre de très hautes performances sans subir les phénomènes de corrosion engendrés par la condensation interne acide, et ce, quelle que soit l’origine des fumées générées par la combustion du gaz ou du fioul.

C’est ainsi qu’en 2009, avec la fonderie Saint-Roch où j’étais Directeur Général, nous avons rentré le projet au pôle Mecatech.

Quel a été l’apport du Pôle dans la conception de cette chaudière ?

L.D: Le rôle du Pôle Mecatech a été essentiel. Le projet n’aurait tout simplement pas vu le jour sans cette structure. Même si j’avais l’idée, je n’avais aucun contact. À Saint-Roch, nous disposions seulement d’un bureau d’étude réduit. Or, pour concevoir ce bloc ULTRACB, nous avions besoin d’autres ressources. Le défi était triple : nous devions concevoir le design, développer la technologie de nanoprotection et, enfin, étudier le rendement avec notamment des essais en laboratoire.
Le pôle a mis à ma disposition un facilitateur qui avait à la fois une vision du marché et des connaissances techniques pour bien en saisir les enjeux.
Il nous a ainsi mis en contact avec un partenaire en nanoprotection, ainsi qu’avec les universités et les centres de recherche. Au total, nous étions alors 5 partenaires : Saint-Roch Couvin, IONICS, CRIG, l’Umons, et l’ULg.

Quelque part, les contraintes mises en place par le Pôle ont structuré projet. J’ai dû formaliser un business plan, préparer de nombreuses présentations avec des finalités tantôt techniques, tantôt commerciales. Pour passer chacune des étapes, je devais répondre à différents objectifs. De fil en aiguille, le tout a apporté de la consistance au projet et lui a permis de voir le jour.

Après de nombreuses études théoriques, nous avons enfin pu sortir un prototype en 2015. Celui-ci a pu être présenté lors de la visite de Jean-Claude Marcourt, qui était alors Ministre de l’Économie et de l’Innovation.

Et puis, il y a eu la faillite de Saint-Roch…

L.D: En effet, cet épisode aura mis le projet à l’arrêt un certain temps. Il aura fallu près de deux ans pour qu’une entreprise italienne reprenne les équipements les plus performants de Saint-Roch : la Cooperativa Fonderia Dante (CFD). De mon côté, j’ai commencé deux nouvelles activités : d’un côté, le conseil en management dont les missions m’ont assuré des rentrées régulières et un fonds de roulement ; et de l’autre, le développement de deux chaudières avec ce nouveau partenaire italien : une chaudière fioul, ROKOR, et la chaudière gaz, ROKGAS, qui contient le bloc ULTRA CB.

C’est ainsi que notre projet ULTRA CB qui était resté à un stade encore embryonnaire, a pu redémarrer. La fonderie y a également cru puisqu’elle a investi (avec moi) d’importants montants. Au total, c’est près d’un million d’euros qui ont permis d’assurer la naissance de cette nouvelle chaudière.

Aujourd’hui, nous sommes très heureux de pouvoir annoncer la vente des premières chaudières ROKGAZ pour le mois de janvier prochain.

Pour tenir sur une si longue période, vous aviez véritablement foi en votre produit.

L.D: La chaudière ROKGAS réhabilite en quelque sorte la place des chaudières en fonte sur le marché Européen du chauffage qui les avaient vus disparaître en septembre 2015, suite à la mise en en œuvre de la directive ERP ecodesign. Nous y avons vu un véritable potentiel marché puisqu’il s’agit de remplacer l’ancien parc en fonte. Même si elles nécessitent un espace certain et un sol capable de supporter leur poids, les chaudières en fonte sont particulièrement robustes, pérennes et insensibles à une moins bonne qualité de l’eau de chauffage, tel que cela peut se présenter dans certaines vieilles installations.

Même si personne n’attend notre produit, nous sommes convaincus qu’il trouvera sa place dans ce marché de remplacement.

Sans compter le fait qu’elle atteint de hautes performances énergétiques (label ERP A+), tout en restant dans une gamme de prix compétitif (le prix public HTVA pour une 20kw est d’environ 3.083€).

Pour monter ce projet, il vous a donc fallu beaucoup de persévérance, mais aussi un réseau…

L.D: La société CFD a été le partenaire qu’il fallait. Comme les marges sont faibles dans ce secteur, il fallait qu’une fonderie puisse directement produire et vendre le produit. Par ailleurs, la direction de l’établissement partageait ma vision quant à la façon d’industrialiser puis de commercialiser ces chaudières en fonte.

En ce qui concerne la distribution, je pourrai également m’appuyer sur un réseau international.

Au niveau européen, c’est l’entreprise alsacienne HS France qui commercialise la gamme complète de chaudières en fonte gaz ROKGAS (ainsi que la fioul ROKOR) sur la France et en partie sur la Belgique. Ce partenaire a une véritable expertise dans la vente en ligne. Il va sans dire que cette connaissance de la distribution par internet a tout son sens en cette période de COVID que nous connaissons actuellement. Ils disposent d’une infrastructure de service complète, avec un service avant et après vente (société BIOSERVICES), du stockage de chaudières et de pièces de rechange et une logistique bien rodée.

En Belgique, la vente est également assurée par le grossiste SUPERSANIT. Force est de constater que les ventes des chaudières ROKOR démarrent très bien en Wallonie, et ce, malgré les ralentissements dus aux confinements de cette année 2020. Les chaudières ROKGAS UCB y seront disponibles en décembre pour un démarrage des ventes avec le partenaire Grossiste SUPERSANIT en début janvier 2021.

 

 

 

Nous espérons vendre 5.000 à 10.000 chaudières ROKGAS UCB sur les trois prochaines années sur la France, la Belgique, mais aussi au niveau international. Je suis d’ailleurs actuellement en contact avec des partenaires chinois.
Malgré le nombre d’années qu’il aura fallu pour arriver à ce stade, nous n’en sommes encore qu’au lancement de cette ROKGAZ. Mais le projet est ambitieux et déjà très prometteur.

 

 

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