News
Cytomine : de l’open source pour mieux s’intégrer

Ancienne spin-off de l’Université de Liège, Cytomine développe une plateforme logicielle web d’exploration et d’analyse d’images pouvant atteindre une très haute résolution, en d’autres termes, ils proposent un microscope virtuel. Sa spécificité : un accès open source au logiciel. Cytomine était déjà en contact précédemment avec le WeLL qui est aujourd’hui intégré au Pôle Mecatech. Mais l’entreprise vient de rejoindre le Pôle MecaTech en tant que membre.

L’occasion de rencontrer cette société de pointe et de conviction avec sa porte-parole, Laurence Borgs, Senior Business Development Manager chez Cytomine.

 

Quel est votre principal marché aujourd’hui ?

Nous sommes naturellement tournés vers les acteurs de l’enseignement, de la médecine, la médecine vétérinaire et les sciences biomédicales et de la recherche, ce qui est le reflet de nos origines quelques part. Nous sommes très actifs en Belgique et France dans les écoles médicales. Nous travaillons aussi avec les quatre écoles vétérinaires françaises qui fédèrent toutes les formations de cette discipline. Nous allons d’ailleurs lancer dès ce début d’année un outil grâce auquel ils pourront visionner les lames histologiques, les annoter et collaborer ainsi autour de ces images.

Nous espérons que ce projet pourra faire office de tremplin et nous permettre de gagner en visibilité sur toute l’Europe dans un premier temps. Puis pourquoi pas également outre-Atlantique.

Le microscope virtuel Cytomine sera également mis au service de la formation continue de tous les médecins pathologistes en France dans le cadre d’un projet fédéré par l’Université Numérique en Santé et Sport.

A quoi ressemble votre secteur actuellement ? Y a-t-il des concurrents ?

A l’origine, nous étions plutôt pionniers dans ce domaine. Mais depuis la crise sanitaire liée au Covid19 et les confinements associés, la digitalisation a connu un sérieux développement. Nous avons vu alors a vu arriver de nouveaux concurrents, dont des entreprises spécialisées notamment en radiologie. Ces entités ont des moyens plus conséquents évidemment qu’une start-up comme la nôtre. Ces acteurs ne proposent pas nécessairement des solutions similaires, mais nous avançons sur des thématiques communes, à savoir l’intelligence artificielle et des algorithmes dédiés l’aide au diagnostic.

Étant donné leur appartenance au secteur médical, ces concurrents sont déjà implantés dans le domaine. C’est un des futurs axes de déploiements Cytomine, bien que pour le moment nous concentrons nos efforts sur l’enseignement académique et les laboratoires de recherches associés.

Notre stratégie est par ailleurs de consolider notre présence au sein de ces milieux. Il faut dire qu’en tant qu’anciens chercheurs, cela nous tient particulièrement à cœur de continuer d’avoir un pied dans la recherche et l’enseignement.

Par ailleurs, notre outil permet l’importation des algorithmes extérieurs. Contrairement à nos compétiteurs qui développent des solutions complètes, nous pouvons y amener des outils extérieurs à la fois utilisables par les médecins dans leur pratique, mais également par des professeurs dans le cadre de leur enseignement, et les chercheurs dans le cadre de leurs projets de recherches.

Dans la logique de l’open source, nous cherchons davantage à valoriser notre savoir-faire à travers des services annexes et un accompagnement sur mesure. Tandis que nos concurrents proposent plutôt avec des solutions finies… et fermées.

Vous diriez que le secteur est très concurrentiel ?

Il y a tellement de pathologies et de choses à étudier qu’il est impossible d’embrasser l’ensemble du domaine. En d’autres termes, il y a clairement de la place pour tout le monde. Nous n’avons absolument pas la prétention de tout couvrir, nous partageons le désir commun avec les autres acteurs dans le milieu, de proposer des aides aux diagnostics qui révolutionneront la médecine de demain.

L’intelligence artificielle suscite encore beaucoup de craintes aujourd’hui. Mais elle ne pourra pas remplacer l’humain. C’est un outil complémentaire qui aidera le praticien dans sa pratique médicale à poser un diagnostic sans nécessairement poser de diagnostic direct.

D’autre part, un algorithme ne peut que répondre à une question prédéfinie. Or la formulation d’une question est extrêmement variable. Il y a tellement de paramètres à prendre en compte qu’il serait impossible pour une entreprise de développer un outil qui pourrait répondre à toutes les questions et les pathologies.

Il n’y a pas de place pour l’exclusivité en science. Et c’est très bien comme ça !

Même en étant une société de plus petite taille, nous avons tout à fait notre place dans ce secteur, surtout grâce à nos spécificités propres.

Comment envisagez-vous l’avenir pour Cytomine ?

Nous avons établi un plan de développement sur plusieurs années. Mais dans un premier temps, notre volonté est de proposer une version « entreprise » plus formalisée à destination du monde académique. Nous travaillons avec beaucoup d’universités en Europe. L’objectif est de proposer une version harmonisée. Grâce à l’expérience accumulée, nous pouvons aujourd’hui offrir une solution « clef sur porte » pour différents centres académiques. S’en suivra une autre version pour la recherche pour les opérateurs qui désirent développer une solution d’intelligence artificielle ; pour tous les centres qui travaillent avec des images de très lourdes tailles ; ou encore pour les entreprises pharmaceutiques dont le département ‘recherche’ pourrait réaliser du testing de molécule et seraient alors amenés à traiter des images volumineuses en taille et en nombre pour observer les effets d’une substance particulière.

Grâce à notre expérience de plus de dix ans, nous pouvons aujourd’hui construire des solutions efficientes qui peuvent s’inscrire notamment dans le domaine de l‘intelligence artificielle.

Dans un second temps, nous espérons également développer une version dédiée au diagnostic. L’objectif n’est pas de concurrencer des entreprises déjà implantées, mais de proposer un œil et une expertise un peu différente en tant que plateforme d’intégration d’intelligence artificielle, de collaborer peut-être avec ces grandes sociétés. Souvent ces dernières vont être exclusives avec leurs produits alors que Cytomine peut mettre en place un module d’intégration qui permettra de faire cohabiter plusieurs solutions d’intelligence artificielle.

Vous avez également des projets de recherche… ?

Absolument, nous sommes l’un des acteurs principaux du projet BIGPICTURE. C’est un consortium européen spécialisé en pathologies digitales qui fédère un groupe de réflexion et de travail avec de nombreux industriels et académiques partout en Europe.

L’idée est de mieux appréhender ce vers quoi nous nous dirigeons dans les années futures au niveau de la pathologie digitale, notamment au niveau des formats d’image et de leur harmonisation. Ce sont des technologies en plein essor et actuellement chaque pays a ses propres règles. Il s’agit donc de mener une réflexion globale autour des meilleures pratiques à mettre en place pour les pathologies de demain. C’est d’autant plus important que la numérisation commence à se répandre véritablement. Avec la crise sanitaire, cette tendance s’est encore accélérée.

Dans le cadre de ce projet « BIGPICTURE », Cytomine sera l’outil principal utilisé comme microscope virtuel à la fois pour le traitement des lames et pour la mise à disposition d’images à la communauté scientifique.

Il y a plusieurs projets en parallèle dans le consortium. Même si nous sommes un acteur de petite taille, nous sommes bien ancrés dans cet environnement et nous pouvons pleinement en suivre l’évolution.

On peut dire que vous avez bien évolué depuis 2017 ?

En effet, même si nos ressources restent assez stables. Il y a quatre fondateurs. Nous sommes actuellement six dans l’équipe. Celle-ci devrait encore grandir tant au niveau de l’équipe de développement que pour le pôle sales & marketing.

Notre chiffre d’affaires progresse également. Par notre modèle « open source », nous avons pris en charge un certain nombre de coûts de développement et nous avons valorisé surtout les services annexes. Mais c’était notre volonté et nous commençons à en récolter les fruits aujourd’hui.

Quelles sont vos attentes en intégrant un réseau comme le Pôle Mecatech ?

Nous espérons à la fois gagner en visibilité au sein du tissu wallon, mais également gagner en légitimité au niveau engineering. Nous sommes toujours à la recherche de projets qui nous permettent faire valoir nos compétences ainsi que celles de nos partenaires, que ce soit au niveau de Liège (on pense notamment à la Citadelle qui est partenaire du WeLL), de la Wallonie ou de l’Europe.

Plus d'articles

HTP Europe : développer pour s’enrichir de nouvelles compétences

Entreprise wallonne en plein essor, High Tech Plastics est devenu au fil de ses expériences un acteur opportun et pertinent dans les développements de projets impliquant de l’injection plastique. Après avoir participé au développement des kits de dépistage du COVID-19 en 2020 avec entre autre l’ULiège et le Pôle MecaTech, d’autres collaborations ont vu le …

Plastiwin célèbre ses 10 ans!

‹ Communiqué de presse › Nivelles, le 3 décembre 2019 – A l’occasion de ses 10 ans, Plastiwin organisait une plénière sur le thème de l’économie circulaire. Plastiwin, le cluster wallon de la plasturgie, regroupe plus de 100 acteurs clés dans le secteur des (bio) polymères, élastomères, les composites et les textiles synthétiques. La mission …

Labellisation de 7 projets COOPILOT

100% des projets COOPILOT acceptés pour le Pôle MecaTech.   Au total, ce sont donc 7 projets labellisés pour un total (budget) de 31.6 M EUR dans les secteurs des dispositifs médicaux, agro-alimentaire, de l’énergie, des technologies avancées (fabrications additives) et de la chimie industrielle. Les projets COOPILOT permettent de financer des PME wallonnes pour …